Page:Goncourt - Quelques créatures de ce temps, 1878.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

--«Azélie--a-t-il dit--donnez-moi mon ouvrage.»

Il a tiré une longue broderie. Il a mis son dé, il a enfilé son aiguille. Il a ses yeux de vingt ans. Il ne met pas de lunettes. Il brode au feston la longue bande.--C'est le baldaquin qu'il destine à son lit.

Celui-ci entre, et celui-là. Ils s'asseyent. M. Jousseau poursuit son feston. Ses doigts agiles vont et viennent. Il a croisé une de ses jambes par-dessus l'autre, et il travaille. L'un dit que les oisonneaux de Mathieu trouent sa haie; l'autre qu'il faudrait un nouvel instituteur, que celui qu'on a se grise, et que les enfants n'y apprennent rien, et qu'il n'est jamais levé pour sonner l'_Angelus_; un autre qu'il faudrait voir le préfet pour le procès des grands bois que la commune a avec l'État. M. Jousseau dit à l'un: «Vraiment?--à l'autre: «Possible!» Il brode toujours. Il ajoute: «J'irai à Paris, le mois prochain,»--et il répète: «J'irai à Paris.»

De la cuisine, une voix aigre s'échappe:--«A Paris? y pensez-vous, Monsieur? J'ai cent cinquante dindons à élever cette a