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d'enseignes drolatiques aux marchands de parapluies. Il tient en main une ombrelle ouverte. L'ombrelle de soie met au chef de l'homme des reflets roses.

Il s'avance relevant sa jupe pour la moindre rigole. Il remonte ses gigots, tout en scrutant d'un œil de maître les champs, les gens, les mares et les canards. Il s'arrête tout au bord de la route. Il jette un regard du côté de Paris. Il revient. Il trottine, faisant des coquetteries de démarche, et se retournant. Il s'ajuste. Il se trousse, se détrousse et se retrousse.

Cet homme est le seigneur suzerain de cette ancienne terre de moinerie. Cet homme commande au pouvoir spirituel. Cet homme règle les obligations du maître d'école envers la commune. Cet homme donne le mot d'ordre à cette police qui est le garde champêtre. Cet homme requiert cette force civile qui est la garde nationale. Quand cet homme rentre de son invariable promenade, les intérêts locaux, et les contestations, et les demandes, et les placets sont à sa porte, bonnet bas, révérences prêtes. Cet homme est le maire de Rumilly.