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le mardi. Cela me mit encore plus de songes dans la pensée. Mon père et ma sœur me revenaient souvent. Insensiblement, je nouai ma vie avec des imaginations bizarres; des fantasmagories m'assaillirent, et, si vous voulez me passer l'album, oublié là, je raconterai en crayonnant.

Il est une heure. Je me couche. Je regarde sous mon lit. Je regarde toujours sous mon lit. Je vois si la porte de l'appartement est fermée à double tour. Je regarde dans mes armoires. Je pousse les tiroirs de ma commode et je mets les clefs sur le marbre de ma table de nuit. Une heure, deux heures se passent sans sommeil. Je me sens froid aux pieds. Mes tempes se compriment. La voûte de mon crâne semble s'abaisser. Des bouffées de chaleur me montent à la tête. Les muscles de mes jambes se distendent. Je mets quelquefois la main sur mon cœur: il ne bat ni plus vite ni plus fort. Mes mains se contractent et se crispent aux draps. J'ai la gorge serrée. Je sens un poids au creux de l'estomac, et par tout mon individu un sentiment d'anxiété et d'angoisse que je ne puis dire.

Ma porte s'ouvre doucement. Une tête