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feuilleton de J. J. était consacré à EN 18.., spirituellement battu et brouillé avec LA DINDE TRUFFÉE de M. Varin, et LES CRAPAUDS IMMORTELS de MM. Clairville et Dumanoir.

Jules Janin parlant tout le temps de notre livre, nous fouettait avec de l’ironie, nous pardonnait avec de l’estime et des paroles sérieuses, et présentait notre jeunesse au public en l’excusant, en lui serrant la main : une critique à la fois très blagueuse et très paternelle. Il disait :

Encore un mot, un mot sérieux, si je puis parler ici aux deux frères, MM. Edmond et Jules de Goncourt. Ils sont jeunes, ils sont hardis, ils ont le feu sacré ; ils trouvent parfois des mots, des phrases, des sons, des accents ! je les loue et les blâme ! Ils se perdent de gaieté de cœur ! Ils abusent déjà, les malheureux, des plus charmantes qualités de l’esprit ! Ils ne voient pas que ces tristes excès les conduisent tout droit à l’abîme, au néant ! Ils ne comprennent pas que pour un curieux de ma sorte, un enthousiaste, un fanatique de style qui se trouve content et satisfait, si par hasard il rencontre e