Page:Goncourt - Pages retrouvées, 1886.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

allures de programme, apparaît comme l’embryon d’un être futur. — Quelques analogies suffiront à le vérifier.

Les deux jeunes hommes vont partout et touchent à tout. Ils racontent des voyages, font de la critique littéraire, de la critique d’art, préparent des mots de la fin pour des chroniques, cherchent de la poésie dans la prose, vont au théâtre, sont préoccupés d’histoire, sont sollicités par la collection, restent pensifs devant la vie.

C’est le résumé de leurs deux années de journalisme, — c’est aussi le sommaire de leur carrière d’écrivains.

Si le japonisme est pressenti dans En 18.., les recherches nouvelles sur l’art, la philosophie et les mœurs du xviiie siècle sont commencées avec les portraits poussés et les silhouettes esquissées de l’abbé Galiani, de Monsieur Chut, du jeune baron de Knifausen, du graveur Wille. Un mot comme « maquette de génie » étiquète l’éloquent et sceptique abbé, et si la définition ne suffit pas, en voici une autre : « De l’Érasme, du Rabelais et du Voltaire battus avec du Polichinelle. » L’intérieur bourgeois du bon Wille est raconté comme Chardin l’aurait peint, et le siècle défile dans le paisible atelier. En même temps que perce le goût