Page:Goncourt - Pages retrouvées, 1886.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doyer qui pourrait être, aujourd’hui encore, lu en cour d’assises le jour de la comparution d’un livre, — soit qu’ils protestent contre le silence gardé par la critique, — soit qu’ils mystifient la presse et le public par l’invention d’un bouquin et d’un écrivain, — soit qu’ils aillent jusqu’à l’argot de la lorette et jusqu’à l’argot du voyou pour établir la vérité de leurs constatations, — soit qu’ils évoquent l’aigreur d’esprit et la basse conscience d’un vieux juge dans le cabinet moisi d’une symbolique maison de campagne. Rien ne manque à cette courte bataille de plume, pas même les rapports avec la magistrature : on prend prétexte d’une citation de vers de Tahureau pour faire asseoir les Goncourt sur le banc de la correctionnelle.

Après 1853, la plume du journaliste est rarement reprise par les deux frères qui se sont définitivement donnés à l’Histoire et au Roman. C’est de loin en loin qu’ils font paraître, dans l’Artiste, dans le Temps, illustrateur universel, un morceau sur Bordeaux, un autre sur Venise, un autre sur Daumier. Edmond de Goncourt ne reparlera au public du journal que le matin de la première représentation de Sapho pour dire, avec l’autorité et l’émotion d’un frère aîné, la bonté de cœur et la qualité céré-