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L’ART JAPONAIS

thé, le parfum. (Le jeu des parfums ressemble au jeu du thé : on compose des parfums qu’on brûle, et il faut deviner à l’odeur ces parfums.) Elles sont tout à fait comme des princesses, élevées au fond des palais… Alors pourquoi regarder à une dépense de mille rios ? (Un rio de Koban vaut une livre sterling.)

Et ici un détail très particulier. Ces femmes venues des différentes provinces de l’Empire du « Lever du Soleil » avec leurs patois, l’on désappris ce patois, et parlent une langue archaïque spéciale au Yoshiwara : la langue noble, la langue poétique, la langue de la cour du septième au neuvième siècle, un peu modernisée.

Or, entre ces daimios, ces seigneurs lettrés et ces femmes ayant reçu une éducation de grandes courtisanes « le contact des deux épidermes » n’avait pas lieu immédiatement, car ces prostituées en maison avaient dans le choix, un peu de la liberté de la prostitution libre chez nous. En effet, les planches de cette suite d’Outamaro, vous montrent les formalités des relations, l’espèce de cérémonial qui y préside, et les trois visites presque indispensables, pour arriver à l’intimité : la première visite, qui n’est qu’une introduction galante auprès de la femme, la seconde, qui est le redoublement de