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L’ART JAPONAIS

naise, du moins sur la prostitution remontant au siècle dernier et aux premières années du siècle actuel. Les cinquante Maisons Vertes du Yoshiwara, et les centaines hors l’enceinte, devaient surtout leur fastueuse existence, leur splendeur, non à la population riche de Yédo, non aux étrangers, mais aux ambassadeurs, aux chargés d’affaires provinciales, commerciales, des trois cent soixante princes accrédités, près du Shogun, et qui vivaient dans sa capitale sans leur famille. Puis la femme de la Maison Verte n’est pas la basse prostituée à l’image de la prostituée, de chez nous, la femme qu’on possède en franchissant le seuil de la maison, la femme « hors de classe, la femme des nagaya » ainsi qu’on l’appelle et qu’elle existe là-bas. La femme de la Maison Verte est la courtisane.

Et l’origine et la consécration de ces courtisanes en maison, se perd dans la nuit des temps. On constate leur existence sous l’Empereur Shômou, dès le huitième siècle, et le Man-yôshû, recueil de poésies antiques est plein de pièces qui les célèbrent.

C’est sous Shôji-Jin-yemon, qu’a été créé le Yoshiwara de Yédo, vers 1600, par ordre de l’autorité administrative. L’emplacement se trouvait alors tout près de la résidence du Sho-