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L’ART JAPONAIS

une mère a son enfant sur son dos, penché en avant par-dessus son épaule, et tous deux se regardent dans l’eau du creux d’un tronc d’arbre, et leurs deux figures paraissent se réunir, se rapprocher, s’embrasser presque, dans le reflètement de ce miroir de nature.

Parmi ces impressions consacrées à la maternité, il est une série, où le peintre nous fait voir, gambadant au-dessus de la tête de leurs mères, de gros enfants, aux bras et aux jambes engorgés, avec des plis de graisse aux jarrets et aux poignets, et qui apparaissent dans leur pléthorique nudité, habillés seulement d’un petit tablier, tels qu’on rêverait les enfants de leurs tripotents lutteurs.

Il est encore plusieurs autres séries consacrées à la mise en images, de l’enfance dans les bois, d’un marmot herculéen, à la peau couleur d’acajou, qu’on voit dans le Yéhon Sosi, prendre intrépidement par la queue un jeune ourson, et l’attirer avec violence à lui — un héros futur — allaité, nourri, élevé par une femme à la tignasse noire, sauvagement échevelée, et qu’on prendrait pour une Geneviève de Brabant, du temps des Cavernes.

Voici, du reste, l’histoire, pas mal légendaire, de ce marmot, nommé Kintoki. Minamoto-no-