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OUTAMARO

mimosi ou prunier du Japon, pour le huitième mois ; une robe violette, ornée de fleurs de la matricaire, pour le neuvième mois, une robe olive, parsemée de champs moissonnés, traversés par des sentiers, pour le dixième mois ; une robe noire, brodée de caractères allusifs à la glace, pour le onzième mois ; une robe pourpre, remplie de signes idéographiques exprimant les rigueurs de l’hiver, pour le douzième mois, — si donc il y a, je le répète, ainsi que l’affirme M. Fraissinet dans son Japon contemporain, ces douze robes, une robe par mois dans le trousseau d’une Japonaise aisée, quelle autre garde-robe avait encore une grande courtisane, et les luxueuses et originales robes, qu’a peintes Outamaro dans le vestiaire du Yoshiwara.

Or, Outamaro nous a peint des robes violettes, où, dans la dégradation rosée du bas de la robe, des oiseaux courent sur les branches d’arbres en fleurs, des robes violettes, à travers lesquelles zigzaguent, tissées en blanc, les caractères-insectes de l’alphabet japonais, des robes violettes, où il y a des éboulements de farouches lions de Corée, en des couleurs de vieux bronze ; — des robes mauves, au ton légèrement bistré, fleuries d’iris blancs sur leurs tiges vertes ; — des robes bleues, de ce frais bleu, que