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L’ART JAPONAIS

pation, enfin la surprise de la mimique particulière, qui caractérise toute race d’un pays, toute société d’un temps. Et vous avez la Japonaise en tous les mouvements intimes de son

    près de la porte de la caverne, au moment où la déesse Oudzoumé, les cheveux ornés de mousse, les manches relevées à l’aide d’une liane, se mettait à jouer d’un flageolet de bambou, accompagné par un dieu pinçant les six cordes de six arcs, renversés à terre, avec le froissement des tiges d’une herbe rêche, tandis que les autres dieux battaient la mesure avec des planchettes de bois.

    Puis Odzoumé se mit à danser, en chantant :

    Dieux contemplez la porte.
    Voyez la majesté de la déesse !

    La déesse du Soleil entendant les grands éloges qu’on faisait d’elle, dit : « Dans ces derniers temps, les hommes m’ont beaucoup implorée, mais jamais rien d’aussi beau n’est arrivé à moi. » Et poussant légèrement la porte de sa grotte, elle dit encore « Je m’imaginais que par suite de ma retraite, le Japon était plongé dans les ténèbres. Pourquoi Oudzoumé danse-t-elle, et pourquoi les dieux se tordent-ils de rire ? »

    Oudzoumé répondit à la déesse du Soleil : « Je danse, et ils rient, parce qu’il y a ici une divinité (faisant allusion au miroir suspendu) une divinité supérieure à la votre.

    Ce disant, Oudzoumé lui montrait le miroir, et comme la déesse avançait un peu la tête pour le voir, Takadjira, le dieu aux bras puissants, la saisit par la main, la tira dehors de sa grotte, et une corde de paille de riz placée derrière elle, l’empêcha d’y rentrer.

    Or, Okamé, c’est le nom vulgaire de la déesse Oudzoumé.