Page:Goncourt - Outamaro, 1891.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
OUTAMARO

Et ce n’est pas tout bonnement sur le papier le ressouvenir, dans un trait spirituel, de l’occupation de la femme, c’est dans sa réalité absolue le retracement d’après nature, de l’attitude, des poses, du geste familier de cette occu-

    déesse s’était retirée dans une grotte, dont elle avait fermé l’entrée avec une porte massive, fait d’un gigantesque rocher.

    Le ciel et la terre, à la suite de cette retraite de la déesse, avaient été plongés dans les ténèbres, que les dieux les plus méchants avaient rempli d’un bourdonnement, qui avait amené une épouvante générale.

    Ce fut alors que tous les dieux, assemblés dans le lit desséché de la rivière Amenoyasou (rivière de la paix du ciel) tinrent un conseil pour apaiser la déesse, et tirant du fer des mines célestes, le dieu Itchi Koridomé, assisté du divin forgeron Amatsoumoré, réussit à forger un miroir immense et parfait, représentant l’auguste divinité d’Isé.

    Pendant la fabrication de ce miroir, d’autres dieux plantaient le Kodzou (Broussonieta) et l’asa (chanvre) et mêlant l’écorce du premier à la fibre du second faisaient des vêtements pour la déesse, et d’autres dieux lui bâtissaient un palais, et d’autres dieux lui fabriquaient des bijoux et lui façonnaient un sceptre sacré dans le bois du sakaki.

    Après avoir tiré un augure favorable d’un os de chevreuil, jeté dans un feu de bois de cerisier, l’un des dieux déracinant un grand arbre, y suspendit le miroir, et se mit à chanter le pouvoir et la beauté de la princesse, au milieu du cocorico d’un innombrable rassemblement de coqs.

    Et le dieu Takadjira, (aux bras puissants) fut posté