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OUTAMARO

lée, attachés à la patte, et l’on prétend, au Japon, que l’on a retrouvé de ces cigognes au seizième siècle.


Mais parmi ces images tryptiques, peut-être la plus recherchée, la plus rare de toutes est celle des plongeuses, des pêcheuses d’awabi, de coquilles qu’on mange.

Cette triple planche se trouve être la composition, où se dévoile, de la manière la plus ostensible, le nu de la femme[1], tel que le comprennent et le rendent les peintres japonais. C’est le nu de la femme, avec une parfaite connaissance de son anatomie, mais un nu, simplifié, résumé dans ses masses, et présenté sans détails, en des longueurs un peu mannequinées, et par un trait qu’on dirait calligraphié.

  1. En fait de nu, nous avons, sans remonter à un autre siècle, la publication, quelques années avant, de la planche en couleur du bain de femmes de Kiyonaga où le grand artiste précurseur d’Outamaro, nous a donné le contour gracile de deux ou trois jeunes femmes nues, et les jolies indiscrétions de morceaux d’autres corps, sous des peignoirs entr’ouverts, et encore ce joli bas de corps d’une femme, qui, la tête et le torse masqués par un store, ne laisse voir d’elle qu’une jambe posant à terre et une jambe remontée sur la marche d’une estrade, et une main qui essuie l’entre-deux des deux jambes. C’est du très savant, du très réel nu, mais