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OUTAMARO

car si ses vers avaient le talent d’ébranler le ciel et la terre, il serait vraiment bien malheureux ! C’est sur cet éventail, un Kioka, une petite poésie légère, une petite poésie ironique, moquant une poésie lyrique du septième siècle, affirmant, que le vrai poète a le pouvoir de faire trembler par ses vers le ciel et la terre.

À propos de cet éventail, à propos de l’éventail décoré soit de feuilles d’or, soit de peintures d’oiseaux et de fleurs, soit de kioka — de l’éventail d’un usage si général chez tous les Japonais de tout sexe, et à toutes les heures de la vie, disons que les meilleurs, les plus artistiques, se fabriquent à Kioto, et racontons la curieuse origine de l’éventail.

Sous le règne de l’Empereur, Tenji, vers l’année 670, un habitant de Tomba, voyant des chauves-souris ployer et déployer leurs ailes, eut l’idée de faire des éventails à feuilles, qui par suite portèrent à cette époque, le nom de Kuwahori, ce qui signifie chauve-souris.

Il est deux espèces d’éventails au Japon, l’une dite Sensu, qui se plie, et l’autre de forme ronde qui ne se plie pas, et qu’on fabrique avec le bambou ou le chamæ cyparis obtusa.

Il est une troisième espèce d’éventail fort riche, et qui sert aux danseurs, soit pour battre la me-