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OUTAMARO

moi, la grâce qu’elles agitent et remuent dans leurs longues et enveloppantes robes.

Il est toutefois quelques compositions dignes du maître. Dans le livre intitulé : Le premier essai sur les femmes, il est un charmant dessin : le dessin d’une femme, les bras passés, les bras passés de loin autour du cou de son amant, et sa tête dans un penchement de colombe amoureuse, tombée contre la poitrine de l’homme qu’elle caresse de sa nuque, tandis que le bas des deux corps est soudé dans le rapprochement sexuel.

Dans Mille espèces de couleurs, il est une planche amusante. C’est une femme laissant tomber sa lanterne, à la vue de quatre pieds sortant de dessous une couverture, de quatre pieds, dont deux très poilus, avec à peu près cette légende dans la bouche de la femme : « Comment quatre pieds dans le lit d’une seule personne ! »

Une planche épouvantante d’Outamaro comme représentation de la Luxure, nous fait voir un monstre, un énorme homme à la chair pâle, exsangue, toute semée de tirebouchons de poils, la bouche hideusement déformée par le spasme du plaisir, vautré, aplati sur le corps délicat et gracile d’une jeune femme : une planche où dans la jouissance physique d’un être humain,