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XXVIII

Tout peintre japonais a une œuvre érotique, a ses shungwa (ses peintures de printemps). Le peintre des Maisons Vertes, avec son talent appartenant à la grande prostituée, au riche amour vénal, ne pouvait ne pas avoir, en son immense production, son œuvre libre, des images à la Jules Romain, un enfer en style bibliographique.

Mais vraiment la peinture érotique de ce peuple est à étudier pour les fanatiques du dessin, par la fougue, la furie de ces copulations, comme encolérées ; par le culbutis de ces ruts renversant les paravents d’une chambre ; par les emmêlements des corps fondus ensemble ; par les nervosités jouisseuses de bras à la fois, attirant et repoussant le coït ; par l’épilepsie de ces pieds aux doigts tordus, battant l’air ; par ces baisers bouche à bouche dévorateurs ; par ces