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OUTAMARO

disent les Japonais, des hommes très intelligents, très spirituels, au courant de tout ce qui se passait à Yédo. Et des hommes d’un caractère à ne pouvoir jamais se fâcher avec eux. Puis d’une discrétion à laquelle on pouvait tout confier, et n’importe quel secret, sans la moindre crainte ! Des gens ayant une parole sur laquelle on pouvait facilement compter, et par là-dessus une honnêteté, passée à l’état de proverbe ! Ils n’acceptaient rien que le gage payé par la maison, et la fleur (le rouleau d’argent) qu’il est d’usage de leur offrir.

Les taïkomati, dans leur bas métier, avaient une très bonne éducation, une instruction très suffisante, une instruction comparée malicieusement à l’instruction d’un candidat ayant échoué à l’académie de Seïdô (le centre scientifique de Yédo). Et même en dehors du Yoshiwara, pour qui était un peu argenté, il y avait un intérêt à engager un taïkomati pour une promenade en bateau, pour une excursion sur la digue de la Soumida, car il n’existait pas une minute d’ennui avec ce diable d’homme, qui n’était juste bavard qu’autant que vous le vouliez, et qui avait le talent de se faire, avec un grand tact, le compagnon assorti de votre humeur. Une vraie ressource que cet homme, quand vous