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ses jeunes années, gaiement ému, les yeux à demi-fermés.


X

La vie de madame Gervaisais continuait, occupée, enfermée. Les longueurs des journées et des soirs, elle les oubliait dans les livres, restant assise sur son canapé souvent des heures, sans se lever, à lire, à prendre des notes dans ce qu’elle lisait, à se perdre dans des réflexions, à la fois distraites et tendues, qui lui faisaient de temps en temps relever sur ses tempes, de ses doigts longs, les bandeaux détachés et rigides de ses cheveux noirs.

À ces moments, sa beauté se levait d’elle, une beauté d’un caractère et d’un style supérieurs à l’humaine beauté de la femme : ses grandes masses plates de cheveux en nimbe, son front bombé et lisse, ses grands yeux qu’on eût dits lointains