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Vieux époux, barbare époux,
Égorge-moi ! brûle-moi !

. . . . . . . . . . . . . . .

Je te hais !

Je te méprise !
C’est un autre que j’aime,
Et je me meurs en l’aimant !

Alors toute la violente et sauvage maternité contenue dans les flancs de la bohémienne et qui n’avait point eu d’issue, s’était reportée sur Nello, venu au monde douze ans après son frère, sur son dernier-né qu’elle n’embrassait pas, qu’elle ne caressait pas, mais qu’elle pressait contre sa poitrine dans des étreintes frénétiques et des serrements à l’étouffer. Gianni, qui cachait une nature aimante sous de froids dehors, souffrait de cet inégal partage d’affection, mais sans que cette prédilection pour Nello lui donnât aucune jalousie contre son jeune frère. Cette préférence, Gianni la trouvait toute naturelle. Lui, il le reconnaissait, il n’était pas beau, et il était volontiers triste. Il parlait peu. Sa jeu-