Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus longtemps, et avec une crainte moins grande. Bientôt dans une de ces jolies audaces timides, dans une de ces résolutions aux hésitations charmantes, Nello s’enhardissait à traverser le tréteau, un doigt dans la bouche, avec des pas qui avançaient et reculaient à la fois, et un regard cherchant sans cesse derrière lui une retraite, un refuge. Enfin, par un élancement brusque et soudain, il s’attrapait à la barrière du balcon, en s’aplatissant et se rapetissant contre une traverse ; là, le visage masqué par la rampe, et le bras et la main qui s’y étaient attachés, ses regards coulaient en dessous et en tapinois sur le champ de foire. Mais bientôt les sons exultants de la grosse caisse qu’il avait dans le dos, mettaient en son immobilité embarrassée et peureuse, avec une trépidation une certaine assurance ; des frémissements venaient à ses pieds dansants, des sonorités à sa bouche gonflée, et maintenant sa tête pendante bravement en dehors de la rampe s’abais-