Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près des sacristains de certaines églises, des bouteilles d’eau bénite dont elle aspergeait l’intérieur et les chevaux de la voiture roulante.

Le corps seul de Stépanida pour ainsi dire était avec le monde européen et occidental de la troupe, mais sa pensée était toujours absente et au loin, et toujours ses grands yeux, fièrement errants, finissaient par se tourner, ainsi que certaines fleurs, vers l’Orient. Et Stépanida n’appartenait à sa patrie d’adoption forcée, à ses relations de rencontre que par un seul lien, par une maternité furieuse, presque animale pour son dernier né, pour son beau petit Lionello, dont le nom dans sa bouche s’était raccourci en celui de Nello.

Du reste, en dehors de sa maternité, la bizarre femelle, avec son insouciance de la bonne ou de la mauvaise fortune, avec sa naturelle incompréhension du bien et du mal, avec son incomplète mémoire des événements