Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’un tour se produise en public, est bien souvent sa mort. Puis le saut, lorsque Nello était arrivé à conquérir la hauteur voulue, n’avait plus eu lieu dans l’espace libre et ouvert, Gianni l’avait enfermé, ce saut, dans le cercle étroit de deux ronds de ficelle, figurant le haut et le bas d’un tonneau — labeur nouveau. Enfin maintenant Nello sautait sur les épaules de son frère, dont les pieds étaient posés sur une étroite tige de fer hémicyclaire ; et l’horrible difficulté du maintien des deux hommes, l’un sous le choc, l’autre dans sa prise d’aplomb sur des muscles, sur de la chair remuante, exigeait bien des tentatives, des essais, des recommencements. Et quand Nello croyait tout terminé, Gianni n’avait-il pas voulu couronner le tour par un prodige d’équilibre, par une série de sauts périlleux de tous deux en même temps, l’un au-dessus de l’autre, et pour lesquels, sur des points d’appui impossibles, il leur était nécessaire de réunir, à un ensemble et à une concordance