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tait pas aux flexibilités de la grâce. Un sculpteur qui a vécu longtemps en Angleterre et en Amérique, disait n’avoir jamais trouvé, parmi tous les sveltes et élégants bustes féminins de ces deux pays, un torse de modèle qui pût lui donner le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter, d’une Cypris allongée, les rênes à la main, sur son attelage de colombes. Cette raideur de la grâce, Nello en faisait l’imitation en charge, la caricature, dans le rire de tous, outrant les inflexions rêches et les amabilités ankylosées du jeune et beau corps de l’Américaine en train de remercier les applaudissements du public.

Et plus il sentait l’écuyère irritée, plus le taquinant clown prenait plaisir à la tourmenter. Il ne se contentait plus maintenant des représentations, il la poursuivait de sa gouaillerie persistante et entêtée, aux répétitions et partout, ne la laissant pas un moment en repos. L’Américaine se préparait-elle dans l’entrée du corridor de droite, à son exercice équestre, par