Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marchande de chapelets de la Via Condotti, un peu cicerone, un peu gentilhomme d’ambassade, lorsqu’une tourmente de son existence hasardeuse le jetait en Orient, où le polyglotte et le parleur de toutes les langues et de tous les dialectes en quelques jours, devenait drogman des excursionnistes en Palestine ; puis après avoir tâté d’une infinité de professions inconnues et excentriques, il se faisait loupeur en Asie Mineure. Organisation singulière que celle de cet italien, inépuisable en expédients et en ressources, et propre à toutes les industries, et habile à tous les raccommodages de choses et d’êtres, et se plaisant aux métamorphoses et aux avatars d’une vie qui était comme une succession de changements à vue des théâtres, et traitant la misère des entr’actes avec l’espèce de gaieté gouailleuse qui rit dans les conteurs du seizième siècle, et gardant au milieu des désastres les plus désespérants la confiance américaine dans le lendemain :