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dinaire. Elle mangeait à la table d’hôte de l’Hôtel ou dans quelque restaurant de second ordre près le Cirque. Sous un chapeau toujours le même, un chapeau Rubens, elle s’habillait communément d’étoffes de laine coupées en forme d’amazone, n’avait aucun goût de toilette de la Parisienne, et ne portait ni robes du grand couturier, ni dentelles, ni bijoux. Elle avait cependant des diamants : deux seules boucles d’oreilles, mais des boucles d’oreilles comme des bouchons de carafe, et quand les gens qui ne les croyaient pas fausses, lui disaient que ça avait dû lui coûter bien cher : « Oh yes ! — faisait-elle négligemment : — moi avoir à mes oreilles 111 francs de rente par jour. »

Elle vivait ne voyant personne, ne fréquentant pas ses compatriotes, ne parlant pas même aux gens du Cirque, ne se montrant jamais dans un bal d’actrices, n’apparaissant à aucun souper du Café Anglais ; et elle était toujours seule, et sans le bras d’un