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Tous deux étaient dans le petit café, où se réunissent les artistes après la sortie du Cirque : un café sans caractère, aux panneaux blancs, aux minces dorures, aux glaces étroites des cafés du boulevard du Temple. En un renfoncement de fenêtre, il y avait des moutardiers, des boîtes de sardines, une petite terrine de foie gras de charcutier, un fromage à la crème, du fromage de Gruyère, du fromage de Roquefort, et sur la tablette supérieure des saladiers à punch au milieu d’un amoncellement de citrons. Dans l’intérieur, allait et venait un gentil petit sommelier en herbe, une veste de velours grenat au dos, un grand tablier à bavette bleu sur le ventre, et dont la serviette passée dans le cordon de son tablier lui retombait par derrière comme un pagne blanc.

Bientôt, poussant la porte, entraient successivement tous les clowns, marchant sous leurs habits bourgeois, à pas lentement glissés, avec cet avancement de tout un côté du corps sur