Page:Goncourt - Les Frères Zemganno, 1879.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout à coup, la poitrine nue, débouchait d’un plantage le jeune homme, portant enfermé dans sa vareuse un animal qui se débattait. À la vue de la bête, une petite joie presque cruelle éclairait le visage de la femme au maillot, qui un moment semblait se ressouvenir et dont les pensées remontaient son passé.

« De la terre, » fit-elle en frappant ses deux mains l’une contre l’autre, avec une voix de contralto, une voix de gorge aux notes bizarres et un peu troublantes.

Et on la voyait bientôt, avec toutes sortes d’adresses félines, et sans se piquer, envelopper dans une boule de glaise, le hérisson vivant, tandis que le vieux allumait avec des branches sèches un énorme foyer flambant.

La troupe commençait à souper. Les hommes buvaient à la ronde dans l’arrosoir. La Talochée mangeait debout, un œil au fourneau, quelquefois une main au plat qu’elle passait.