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deux, le plus grave accident. Mais il y avait une telle compréhension physique entre les deux frères, que cet accord de la volonté avec les fléchisseurs, les extenseurs et leurs aponévroses pour la production d’un mouvement dans un corps, cet accord semblait seul et unique pour les deux corps.

De ces communications absconses et secrètes entre les membres des deux hommes dans l’exécution d’un tour de force, de ces attouchements de caresses paternelles et filiales, de ces interrogations de muscle à muscle, de ces réponses d’un nerf disant à un autre nerf : « Go ! » de cette inquiétude et de cette sollicitude perpétuelle des deux sensitivités, de cet abandon de sa vie, à tout instant, par l’un à l’autre, de cette continuelle mêlée sauve dans le même péril de deux chairs, naissait une confiance morale qui resserrait les attaches d’instinct entre Nello et Gianni, et développait encore la propension naturelle que les deux frères avaient à s’aimer.