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et de tous les secrets du métier. Or, un jour, l’intombable Rabastens était jeté sur les deux épaules par un meunier de la Bresse, un homme d’une résistance, aux yeux de tous, inférieure à celle de l’Alcide. Du milieu de la stupéfaction de la troupe, de son humiliation frémissante, de son émoi, s’élevait la voix canaillement blagueuse du pitre, jetant, devant tout le monde, à l’Hercule se relevant abasourdi : « qu’il aimait trop une sale femme, que la nuit qui avait précédé la lutte… » Une immense giffle ne laissait pas finir le pitre qui roulait à terre.

Le pitre avait dit vrai. En effet l’Hercule, jusqu’alors seulement amoureux de la nourriture, s’était tout à coup pris de tendresse pour une Déjanire qu’il traînait à sa suite, et à laquelle il consacrait une grande part de sa force. Le triste de l’aventure pour l’Hercule et la troupe, fut que cette défaite tua absolument chez l’homme la conscience de sa supériorité, qu’il lutta encore deux ou trois