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tion mystérieuse, et, quand elle donnait un ordre, personne n’osait la refuser. Et là où Stépanida ne parlait pas, le mari faisait intervenir sa diplomatie de vieil Italien. Grâce à la science intime qu’il possédait de son personnel, à l’art qu’il avait de flatter et de caresser les inimitiés sourdes de celui auquel il parlait dans des paroles où revenait à toutes les phrases mio caro, et entremêlées de promesses lointaines, d’horizons enchanteurs approchés de tout près, et même de quelques pantalonnades tirées de son répertoire, le père Bescapé obtenait tout ce qu’il désirait, et faisait patienter indéfiniment les exigences des uns et des autres. Gianni n’avait rien de son père. Il ne savait pas promettre ; et trouvait-il une résistance à ce qu’il voulait, il se mettait en colère, envoyait l’homme à tous les diables, et renonçait de suite à la chose demandée. Il manquait aussi de patience pour opérer des rapprochements et des réconciliations, et ne se donnait pas la peine de mettre le holà