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autre, cheminant, à l’époque des vendanges, au milieu des bœufs blancs couronnés de pampres du Languedoc.

Et par cette existence éternellement voyageuse en toutes les saisons diverses, à travers toutes ces contrées dissemblables, il était donné à ce monde de toujours avoir devant soi l’espace libre, de toujours être dans la pure lumière du ciel, de toujours respirer le plein air, de l’air venant de passer sur des foins ou des bruyères, — et de s’enivrer, matin et soir, les yeux du spectacle nouveau des aurores et des crépuscules ; — et de s’emplir les oreilles des rumeurs confuses de la terre, des harmonies soupirantes des voûtes de forêts ; des modulations flûtées des brises dans les roseaux qui ondulent ; — et de se mêler avec un âpre plaisir à la tourmente, à l’ouragan, à la tempête, aux rages et aux batailles de l’atmosphère ; — et de manger aux haies ; — et de boire à la fraîcheur des sources ; — et de se reposer en de la grande herbe, avec des chants d’oiseaux sur la tête ;