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danseurs de bals publics, et que celle-ci, par un esprit de contrariété vraiment diabolique, s’amusait à tenir continuellement dans l’éveil, dans la peur de la réalité redoutée, n’avaient pas lieu d’exister. Élisa était vierge. Oh ! une innocence entamée par le corrupteur spectacle de l’intérieur de sa mère, par la fréquentation de sales bals de barrière... Mais enfin... si l’occasion de fauter, ainsi que parle la langue du peuple, ne s’était pas présentée, Élisa n’avait pas été au-devant !... et son corps demeurait intact.

Il arrivait alors que le doux honneur de ce corps, que sa virginité devenait en cette maison, pour Élisa, pendant trente-six heures, un tracas, un tourment, un sujet d’émoi tremblant, la tare d’un secret vice rédhibitoire qu’elle s’ingéniait à cacher, à dissimuler, à dérober à la connaissance de tous, peureuse de se trahir, craignant que la divulgation de sa chasteté n’empêchât son inscription. Et la fille-vierge, en son imagination, se voyant