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voilé, les titis de la galerie avec l’immobilité de leurs mains gesticulantes paralysées sur le rebord de bois. Dans un coin, un garde municipal, son shako posé au-dessus d’une barrière devant lui, frottait contre la dure visière un front bourgeonné et méditatif. Entre causeurs à voix basse des phrases commencées se taisaient tout à coup... Chacun, en sa pensée trouble, sondait le drame obscur de ce soldat de ligne tué par cette femme, et chacun se répétait :

La femme allait-elle être condamnée à mort ?

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Le silence devenait plus profond en l’obscurité plus intense, et dans les poitrines s’amassait, mélangée de curiosité cruelle, la grande émotion électrique qu’apporte dans une assemblée de vivants la peine de mort, suspendue sur la tête d’un semblable.

Les heures s’écoulaient, et angoisseuse devenait l’attente.