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arbre : deux noms et une date amoureuse. Pêle-mêle, sur le haut de l’armoire, des branches de buis bénit des années passées, avec des tasses posées sur le côté où sèche du marc de café. Au centre de la pièce, une table de cuisine, en un coin de laquelle parfois une femme se penche pour faire une patience avec des cartes poissées. Deux ou trois femmes, rapprochées des fenêtres, brodent au jour sali par les reflets d’une cour ouvrière et filtrant entre les lamelles des persiennes. Les autres demeurent paresseusement dans des avachissements fantomatiques, avec le blanc de leurs cols et de leurs fichus, prenant autour des figures, dans ce crépuscule qui est là, ― la lumière de toute la journée, ― la crudité des blancs dans de vieux tableaux qui ont noirci.

Cette chambre, appelée le poulailler, est le local misérable dans lequel la maîtresse de maison, pour économiser le velours d’Utrecht de son salon, tient ses femmes, toute la journée,