Page:Goncourt - Journal, t9, 1896.djvu/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un grand jardin un peu à l’abandon ; et une jolie serre, où se voient, en fait de fleurs, de vieilles poupées des petites filles.

On déjeune dans une salle à manger, en laquelle, à la suite d’un dîner végétarien, a été peint un Sarcey énorme, dans une épouvantable peinture décorative, le représentant au milieu de tous les légumes de la terre.

Flammarion, l’astronome, déjeune avec nous, et après déjeuner, se livre à une célébration enthousiaste de l’aérostation, célébration qui me fait lui dire, en riant :

— Auriez-vous passé votre lune de miel, en ballon ?

— Ça a dû se faire… ça ne s’est pas fait… mais tenez, vraiment c’est assez curieux… J’avais un ami, l’abbé Pioger, qui aussitôt que j’avais fait un livre, le refaisait au point de vue clérical… ainsi La Pluralité des mondes, refaite par lui à l’usage des écoles chrétiennes… et sans trop me citer… Mais, il était mon ami… Quand j’ai dû me marier, il m’a dit : « — Vous devriez vous marier à l’église ? — Je ne sais pas… peut-être », lui ai-je répondu… Enfin, il me demande à me marier, quoiqu’il ne fût pas prêtre de la paroisse.

— Soit, mais pas de billet de confession.

— C’est grave, j’en référerai à l’Archevêché ! « Flammarion ? eh bien, oui », lui répond l’archevêque.

Et quand il me rapporte la réponse, il me dit : — « Vous voyez, j’ai fait tout ce que vous avez dé-