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son domestique à sa poursuite, espérant le prendre en haut, où il y avait un petit vide dans la ronce, mais là l’homme surgissant soudain, piquait une tête dans le dévalement de la ronce de l’autre côté, piquait une tête comme dans une rivière, sans que Clemenceau pût voir sa figure… Des années se passaient. Il était nommé député. Un vieux bonhomme, un jour, forçait sa porte, et venait lui demander sa protection pour son fils détenu au bagne, et qui était le paysan qu’il avait poursuivi. C’était un paysan qui avait tué sa maîtresse, et qui se cachait.

Dans la rue, Clemenceau s’avoue tout à fait empoigné par la littérature, déclare qu’il voudrait faire un roman et une pièce de théâtre, s’il ne lui fallait pas, tous les jours, fabriquer un article pour la Justice, et toutes les semaines, deux articles pour la Dépêche ; enfin, s’écrie-t-il, s’il lui arrivait d’avoir un jour libre sur deux, il écrirait ce roman, il écrirait cette pièce.

Jeudi 1er novembre. — C’est affreux au cimetière, ces tombes effondrées, dont il ne sort plus de la terre qu’un haut de croix, ainsi que ces bâtiments coulés, dont seulement un bout de mât dépasse l’eau.

Vendredi 2 novembre. — Hier Frantz Jourdain, me parlant de son fils, me disait que maintenant dans