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Elle est toute en blanc, avec une espèce de grande bavette flottante sur la poitrine, et sa robe à longue traîne, toute constellée de paillettes d’or, se contourne autour d’elle, dans un ondoiement gracieux.

Le dîner avec son fils, sa belle-fille, Bauër, Jean Lorrain, et la Guérard, qui est sa Guénégaud.

Un dîner fin, délicat, où la maîtresse de la maison ne boit que d’une boisson, dont le nom anglais m’échappe, et qui est faite avec du vin de Bordeaux, de jus d’orange, d’ananas, de menthe.

Sarah se montre très aimable, très occupée de moi, très attentive à ce que je n’aie pas froid. Toute la conversation est nécessairement sur les Russes. Bauër conte qu’il a vu un petit enfant, criant dans les bras de sa mère : « Vive la Russie ! » pris par l’amiral Avellan, et passé à toute son escorte, qui l’a embrassé tour à tour, et dont l’un des officiers, pour lui donner quelque chose, lui a donné son aiguillette qu’il avait arrachée.

Enfin l’on passe dans l’atelier pour la lecture. Pas de lampe, un éclairage de bougies, et une copie à la mécanique aux maigres lettres, beaucoup moins lisibles que la grosse ronde des copistes, ce qui fait que Bauër est fort empêché dans sa lecture, et c’est froid, très froid.

Enfin après le septième tableau, je demande à lire le huitième et dernier tableau. Je ne lis pas bien, mais nerveusement, et Sarah me semble prise par la dernière scène.

Alors, une préparation de thé et de rafraîchis-