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de sang, comme du papier peigne, avec la trace parfaitement indiquée des deux carotides. Ce sont des observations faites par lui, à l’exécution d’Allorto et de ses complices, les assassins du jardinier d’Auteuil.

Au dîner, il nous entretient de Maupassant déclare que chez lui, la littérature était toute d’instinct, et non réfléchie, affirme que c’est l’homme qu’il a connu, le plus indifférent à tout, et qu’au moment, où il paraissait le plus passionné pour une chose, il en était déjà détaché.

Vendredi 21 juillet. — Schwob nous arrive aujourd’hui, avec dans sa poche, l’Américain Wittemann, qu’il est en train de traduire. Il nous traduit, au courant de la lecture : La Maison des morts de la Cité, un morceau étrangement poétique sur un cadavre de prostituée, un morceau d’un lyrisme fantastique, dont semble descendre Mæterlink.

Incidemment, il nous dit, que Maupassant avait fait la plus grande partie de ses nouvelles, avec les racontars des uns et des autres. Et il affirme que le sujet de le Horla lui a été donné par Porto-Riche, qui est tout à fait inquiet, quand on découvre en sa présence, dans cette nouvelle, le commencement de la folie du romancier, et ne peut s’empêcher de s’écrier : « Si cette nouvelle est d’un fou, c’est moi qui suis le fou ! »