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Dimanche 23 novembre. — Par un temps à ne pas mettre un chien dehors, me voici à cinq heures en bas de mon lit, et bientôt dans le chemin de fer de Rouen, avec Zola, Maupassant, etc., etc.

Je suis frappé, ce matin, de la mauvaise mine de Maupassant, du décharnement de sa figure, de son teint briqueté, du caractère marqué, ainsi qu’on dit au théâtre, qu’a pris sa personne, et même de la fixité maladive de son regard. Il ne me semble pas destiné à faire de vieux os. En passant sur la Seine, au moment d’arriver à Rouen, étendant la main vers le fleuve couvert de brouillard, il s’écrie : « C’est mon canotage là dedans, le matin, auquel je dois ce que j’ai aujourd’hui ! »

Visite à Lapierre malade dans son lit, et de là déjeuner chez le maire.

Dehors, toujours de la bruine, de la pluie et du vent, le temps ordinaire des inaugurations à Rouen, et là dedans, une population tout à fait indifférente à la cérémonie qui se prépare, et prenant tous les chemins qui n’y mènent pas. En tout une vingtaine de Parisiens dans les lettres et le reportage, et une fête avec tente pour les autorités, et musique de foire, comme pour les comices agricoles de Madame Bovary.

D’abord une promenade dans le musée, à travers des manuscrits de Flaubert, sur lesquels est penchée une députation de collégiens, puis enfin l’inauguration du monument pour de vrai.

Diable, moi qui ne peux lire, chez moi, une page