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Nous allons dîner ensemble, et en dînant, Geffroy me parle d’un livre, qu’il se prépare à faire et qu’il veut me dédier, un livre où il veut suivre et étudier une fillette du peuple, jusqu’à l’âge où j’ai mené ma Chérie.

Jeudi 20 août. — Dans l’isolement de ce mois, dont je souffre cette année, et dans le gris de jours ressemblant à des jours d’automne, j’ai inventé une distraction, je passe mes journées au Louvre.

Dimanche 23 août. — J’ai déjà indiqué à quel point, les Japonais, dans le dessin des plantes, se servent, s’aident de l’ombre portée de ces plantes. Aujourd’hui, en donnant à manger aux poissons rouges de mon bassin, dans le moment où il est éclairé par le plein soleil, j’étais frappé combien les ombres portées des poissons sur le fond, étaient les poissons des albums japonais. Du reste le dessin par l’ombre portée des choses ou des êtres, semble avoir beaucoup préoccupé le Japonais. J’ai acheté ces jours-ci un album de figures en noir, semblables à certaines silhouettes de Carmontelle, et qui ne sont que des ombres profilées, de Japonais et de Japonaises, se détachant sur un panneau blanc. Cet album qui est de Baïgai a pour titre : Ombres sur Ombres.