Page:Goncourt - Journal, t7, 1894.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voix basse, mystérieusement, comme s’il avait peur d’une oreille redoutable, qui l’écouterait dans l’ombre de l’appartement. Il ne croit plus à la vertu du nombre 3 ; c’est le nombre 7 qui est pour lui, dans le moment, le nombre porte-bonheur.

Et il laisse entendre, que le soir, à Médan, il ferme ses fenêtres, avec certaines combinaisons hermétiques.

Dimanche 3 mai. — En mon grenier, ce matin, je regardais dans une bouteille de bronze, à la forme élancée, au long col, à la patine sombre, et dont toute l’ornementation est faite, d’une mouche posée sur le noir métal, je regardais, sans en pouvoir détacher mes yeux, une dragonne, cette fleur turgide et déchiquetée, aux stries rouges dans son étoilement jaune impérial, une fleur qui a l’air d’un rinceau de décor, d’une astragale en train de fleurir.

Mardi 5 mai. — Première représentation de l’Arlésienne. Public froid, glacé. Les battements d’éventails de Mme Daudet, prennent quelque chose du froissement colère d’ailes d’oiseaux, qui se battent. Persistance de la froideur de la salle, prête à devenir ricanante pour la pièce, et qui applaudit à tout rompre la musique. Tout à coup, Mme Daudet qui