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Samedi 1er décembre. — Ce matin, de Béhaine tombe chez moi, au moment où je m’habillais pour la répétition, et reste déjeuner avec moi. Il me confirme que l’Italie est toute à l’agressivité, et il croit que nous aurons la guerre au printemps.

Ce soir, Frantz Jourdain, que j’emmène faire un croqueton d’un marchand de vin pour ma pièce, me ramène dîner chez lui.

Là, le bibliophile Gallimard, m’apprend aimablement, qu’il va faire pour sa bibliothèque une édition de Germinie Lacerteux, avec dessins et eaux-fortes de Raffaëlli, et préface de Gustave Geffroy, dont il n’y aura que trois exemplaires : le premier pour lui, le second pour moi, le troisième pour Geffroy.

Lundi 3 décembre. — Dumény vient, ce matin, à l’effet de se faire une tête de « roux cruel » sur l’Oiseau de passage de Gavarni, dont j’ai le dessin. Pendant qu’il en prend le croqueton, il me dit : « Ah ! votre Journal, c’est bien curieux… et je regrette bien de n’avoir pas écrit des notes plus tôt… mais j’ai commencé à en écrire l’année dernière. » Décidément, immense sera le nombre de journaux autobiographiques, que va faire naître dans l’avenir, le Journal des deux frères.

Colombey n’a qu’un bout de rôle, qu’il joue d’une manière merveilleuse. C’est la fin d’une ivresse, dans laquelle remontent des renvois de vin mal cuvé. De