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Mardi 18 septembre. — Il était question d’une bonne, sortie d’une maison, en disant à la maîtresse : « C’est trop honnête chez vous… il n’y a pas de secrets, pas de profits ! »

Samedi 22 septembre. — Ce matin, Daudet entre dans ma chambre, disant : « Voilà deux ou trois jours que je suis tourmenté par une idée de livre !

Moi. — Quel livre ?

Daudet. — Ce seraient mes « Essais de Montaigne » mais dans une forme, amenant le renouvellement de ces Essais. Vous savez, ce que vous me disiez du désir que vous avez eu de voyager autrefois en maringote, et vous vous rappelez les projets amusants des parcours des environs de Champrosay, faits ensemble, dans une de ces voitures. Eh bien, ce serait une société dans deux maringotes, s’arrêtant, chaque soir, dans un coin de nature… et là, une causerie sur les plus grands sujets… cela me permettrait d’éjaculer un tas de choses, que j’ai en moi, et que je ne serais pas fâché de voir sortir… Tenez, jeudi, je me suis laissé aller à émettre devant des jeunes, deux ou trois idées, qu’il serait vraiment dommage de laisser perdre.

Moi. — Certes une jolie imagination… quelque chose comme un Decameron philosophique… mais, vous avez d’autres livres à faire avant… ça, c’est un bouquin d’arrière-saison !