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rituelle et crâne Lagier apportait une verve si drolatique, si cocasse, si amusante. La maison n’a plus le sourire d’autrefois, son plâtre a vieilli, des persiennes fermées disent des appartements sans locataires, et dans une boutique du rez-de-chaussée, semblant avoir fait faillite, on lit sur une immense bande de toile, qui a l’air d’une ironie au-dessus du local vide : Cabaret de la Folie : Tout Paris voudra voir les bandits corses.

Jeudi 16 février. — Raffaëlli a commencé mon portrait aujourd’hui. Il me dit qu’il a d’abord été l’élève de Gérome, pendant trois mois, mais voyant qu’il ne trouvait pas là son affaire, il s’était mis à voyager en Italie, en Espagne, en Afrique, à l’effet d’attraper l’originalité, la personnalité qu’il voulait conquérir. Et cette originalité, il l’avait trouvée, tout bêtement, à son retour dans la banlieue, sans que tous ses voyages lui eussent servi à rien.

Vendredi 17 février. — Dîner offert par les amis de la personne et du talent du sculpteur Rodin : dîner dont je suis le président, avec un courant d’air dans le dos.

Je me trouve à côté de Clemenceau qui raconte des choses assez curieuses sur les paysans