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galante de la société, ayant dépassé la quarantaine : « Elle commence à avoir la chaude fadeur d’haleine des chats qui ont mangé trop de mou. »

―――― Un croquis. Dans leur cage de cristal, avec leurs cravates noires, leurs cols de petits garçons, la délicate coquille de leurs oreilles, l’échafaudage de leurs cheveux torsadés, elles font très bien les caissières de M. Noël. On ne les voit, ces demoiselles, que de profil, et encore de profil perdu, et dans le plongeon que fait le torse de la première, pour une conversation, à voix basse, avec un sommelier, aux favoris diplomatiques, on aperçoit la plume de fer de la seconde courir sur les additions, avec le sautillement de doigts qui broderaient au tambour.

―――― J’entendais, l’autre jour, un marchand de vin, d’un ton mi-triomphant, mi-gouailleur, jeter à un cocher, auquel il apportait une consommation sur son siège : « Maintenant, mon vieux, tout est permis, tu peux faire tout ce qui te fait plaisir ! » C’était, dans la bouche du marchand de vin, le nouveau catéchisme prêché aux classes inférieures, pour l’embêtement des classes supérieures.

Jeudi 31 juillet. — Quelqu’un disait, en parlant du