Page:Goncourt - Journal, t6, 1892.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

brication d’un bouquin, il entre en vous une terreur de mourir, avant que le livre soit terminé, — une terreur que l’éditeur n’en fasse remplir les blancs par un imbécile.

―――― Une jeune fille du grand monde, me contait aujourd’hui, qu’une de ses amies, décidée à épouser un garçon très riche, en dépit d’une saleté repoussante, avait eu l’idée de lui faire ordonner par son médecin, le médecin des deux familles, des bains de vapeur, pour une maladie quelconque, dont il l’avait menacée. Et la jeune fiancée disait : « Enfin il sera propre le jour de mon mariage ! »

―――― Maintenant, quand j’écris un morceau de style, j’ai besoin avant de l’écrire, de m’entraîner, de me monter le bourrichon, comme disait Flaubert, en regardant des matières d’art colorées, mais une fois cette griserie cérébrale obtenue, il me faut éviter la vue de ces choses, tout le temps que j’écris. Alors ça me distrait, ça me dérange. Et il m’est arrivé ces temps-ci de me priver de regarder, tout un jour de travail, un objet acheté la veille et apporté le matin.

―――― Il y a une somme de bêtise que les peu-