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nan, il me répond que le maréchal n’a pas voulu signer sa nomination. Et à propos de la promotion de Victor Hugo, il m’affirme que c’est le poète qui s’y est opposé, quoiqu’il eût la promesse, qu’une semaine après qu’il aurait été nommé commandeur, il serait fait grand’croix.

Mardi 28 janvier. — Un mot de la Guimond : « Conçoit-on ce Girardin… j’ai huit cents lettres de lui toutes compromettantes… et il ne veut pas me les racheter. »

Mercredi 5 février. — Une anecdote sur le colonel, le frère de ce général Lasalle, qui ne quittait l’armée que pour se commander à Paris une paire de bottes, et faire un enfant à sa femme.

Un jour il dînait chez Masséna, où il y avait sur la table un hanap d’argent, très admiré par les convives.

— « Il est à celui qui le boira plein de kirsch, » dit Masséna.

— « Qu’on me le passe ! » jette le colonel Lasalle.

Et il le vide d’un trait, le pose sur sa cuisse, d’un coup de poing l’aplatit, le plie en deux, en quatre, et le fourre dans sa sabretache.