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de lui abandonner les premiers rôles, et de se laisser enrhumer par les fenêtres, qu’il ouvre à tout moment, est un très agréable compagnon. Il a une bonne gaîté et un rire d’enfant qui sont contagieux, et dans le contact de la vie de tous les jours, se développe, en lui, une grosse affectuosité, qui n’est pas sans charme.

Dimanche 22 septembre. — Ce matin, Maeda, commissaire général du Japon à l’Exposition universelle de Paris, est arrivé à Saint-Gratien, accompagné de deux jardiniers de ses compatriotes, portant dans des morceaux de soie jaune, des instruments de jardinage, bizarres, hétéroclites. On a été au fond du potager. Les deux Japonais ont brisé la terre d’un carré, et ont semé des radis, des choux, des navets, des navets d’un mètre, et dont trois font la charge d’un homme.

Ce Maeda, costumé à l’européenne, a une douceur charmante dans la politesse, et son teint jaune prend, par moment, un rose qui ressemble à ce joli fard carminé, dont les Japonaises des albums se rougissent les paupières.

On lui demande ce qui l’a frappé parmi les choses de l’Europe. Il répond : « La grandeur ! » — et parle avec émerveillement de Versailles.

Lundi 23 septembre. — On cause d’une excentrique