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mêmes potins et les mêmes cancans qui remplissent, dans la bouche des mêmes personnes, les heures de la soirée jusqu’à minuit.

Lundi 12 août. — Visite de l’ancien château de Riceys, possédant la plus belle allée de platanes que j’aie jamais vue : une allée de ces arbres à peau de serpent, qui fait ici une ogive verte de 120 pieds au-dessus de votre tête, et cela dans la longueur de trois cathédrales.

M. de Zeddes, le châtelain, après nous avoir promenés dans tout l’immense château, où l’architecture Louis XV se greffe sur la Renaissance, et où le jour entre par des fenêtres de tous les siècles, nous fait monter dans les greniers, dans la forêt équarrie de charpente, qui asseyait autrefois un toit sur une habitation aux murs de six pieds d’épaisseur.

Là, dans ce vieux bois geignant par le vent qui s’élève, j’ai la sensation du gémissement d’une mer désolée ! M. de Zeddes me disait qu’en automne, à l’époque des tourmentes équinoxiales, il venait s’asseoir en ces combles, et y restait deux ou trois heures, englouti dans la volupté de ce grand bruit plaintif.

Lundi 19 août.

Cette grande, cette fluette femme, à la taille un peu