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des demeures, c’est bien difficile, de faire durer éternellement les chapelles des morts, les chambres d’agonie, qu’on veut toujours conserver, telles qu’elles étaient, lorsque a sonné la dernière heure d’une personne aimée ; — et ces jours-ci, ç’a été pour moi une véritable tristesse, quand j’ai entendu les coups de pioche, jetant à bas les cloisons de la chambre de mon frère, et détruisant cette espèce de survie d’un être cher, parmi les objets et les choses de son entour, brutalement démolis.

Mardi 2 décembre. — C’est curieux, la jeunesse actuelle semble cesser d’être une jeunesse d’imagination, pour devenir une jeunesse de pédagogie. Je suis frappé de cela, à la lecture des derniers numéros de la Revue Indépendante, qui contient trois articles de critique par des jeunes : trois articles tout à fait remarquables.

Jeudi 4 décembre. — Première entrevue avec Porel, chez Daudet.

Il me dit qu’il veut jouer ma pièce, comme une pièce jouée de l’autre côté de la Seine, une pièce jouée sur le boulevard, et qu’il a engagé Léonide Leblanc, qui a une action sur le monde de l’argent, sur le monde de la gaudinerie. Ça ne me paraît pas si bête !